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Dimanche 28 avril 2024 Saint du jourSainte Valérie 00h20
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EVOLUTION DU PRIX DE L'ELECTRICITE POUR LES PARTICULIERS

L'évolution des prix pour les particuliers est suivi par l'Insee dans son panier représentatif de l'inflation.
Il tient compte des dépenses réelles des consommateurs.
Cela prend donc en compte les foyers bénéficiant des tarifs règlementés et aussi ceux ayant opté pour des fournisseurs alternatifs qui font évoluer leurs tarifs parfois violemment car soumis pour une part au prix du marché.

Le tarif règlementé EDF a été augmenté de :
+ 5.9% en juin 2019
+ 1.23% en août 2019
+ 2.4% en février 2020
+ 1.54% en août 2020
+ 1.6% en février 2021
+ 0.48% en août 2021
+ 4.0% en février 2022
+ 15% prévus pour 2023...

En décembre 2022, il est de 0.1740 €/KWh
EDF est contraint de "revendre" 100 TWh/an (120 en 2022) aux fournisseurs alternatifs au prix de 42 €/MWh

EVOLUTION DU PRIX DU GAZ TTF EUROPE

Le prix du Gaz impacte directement le prix de l'électricité produite à partir de centrales thermiques ou importée depuis l'Europe, il est donc important de suivre son évolution.

Le prix du Gaz très sensible à la demande

Le prix du TTF néerlandais a fortement baissé par rapport à son pic historique de fin août à 340 euros.
Il reste cependant bien supérieur à son cours de 2019 où il était à 15 euros en moyenne.
En 2020, avec la baisse de la demande suite aux confinements COVID, il était même descendu à 10 euros en moyenne.
C'est en 2021 qu'il a commencé son envolée avec un pic à 180 euros en décembre, et une moyenne annuelle à 48 euros, sous tensions de la reprise économique augmentant les besoins en énergie.
Il a battu tous ses records en 2022, avec une pointe à 340 euros, et une moyenne annuelle à 133 euros, suite à la crise énergétique engendrée par la guerre de la Russie contre l'Ukraine, et la faible disponibilité des centrales nucléaires en France.

La course au remplissage des réserves de Gaz avant l'hiver avait fait s'envoler les cours.
L'hiver finalement plus clément que la normale, le redémarrage de nos centrales, la modération de la consommation, les imports de GNL alternatifs, et aussi la production des éoliennes en hausse suite à un hiver venteux, tous ces élements expliquent après coup la baisse actuelle du cours du Gaz.

Reste que des tensions vont à nouveau apparaître quand nos réserves de Gaz seront épuisées et qu'il faudra les reconstituer pour l'hiver prochain.


16 Réacteurs Nucléaires à l'arrêt sur 56


nb Réacteur n° KW Redémarrage Arrêté (j)Reste (j)
1PALUEL 21 33010/06/2412942
2TRICASTIN 191513/05/241614
3DAMPIERRE 289007/05/24948
4CRUAS 491508/07/248670
5GRAVELINES 691016/05/244117
6BUGEY 488013/06/249645
7CHINON 190515/05/2446316
8CIVAUX 11 49504/08/249997
9BUGEY 391006/06/2420838
10BLAYAIS 191021/07/248683
11CHINON 490512/05/248513
12CATTENOM 41 30012/08/24178105
13TRICASTIN 491531/07/2419493
14CHOOZ 21 50012/06/2411044
15GRAVELINES 491003/08/2419696
16FLAMANVILLE 21 33018/06/2411650

Potentiel de 44.5 MW soit 72% du maxi


(D'après le planning EDF de ce jour)

Hiver 2022 : course au redémarrage des réacteurs nucléaires


Notre parc nucléaire est composé de 56 réacteurs pour une puissance de 61.4 GW
Elle était de 63.2 GW avant l'arrêt de Fessenheim.
Suite aux problèmes de corrosion sous contrainte (CSC) et à d'autres actions de pérennité et de maintenance, il y avait 26 réacteurs à l'arrêt mi-2022.
La puissance disponible était alors tombée à 25 GW seulement mi-2022.
Depuis la course aux redémarrages est intense afin de ne pas manquer d'électricité en France pour l'hiver 2022.

Il y a actuellement 16 réacteurs à l'arrêt soit 44.5 GW disponibles
Historiquement on passe l'hiver avec au moins 50 GW d'origine nucléaire, il faudra maintenant attendre janvier pour en disposer et importer d'ici là.

Et pour certains d'entre nous (avec tarif non règlementé), cela aura un prix, car pour passer cette période en sous-capacité nucléaire, tous les autres moyens de production sont employés au maximum, dont des centrales au gaz, au charbon même.
Cela ne suffisant pas, nous importons de l'électricité depuis le marché Européen que nous payons au prix fort, et ce sera répercuté hors tarifs règlementés.
Achats à plus de 400 €/GWH en moyenne avec des pointes dépassant les 500 €/GWH début décembre et l'hiver ne fait que commencer.
Sans cela nous aurions déjà eu des coupures d'électricité, nos imports ont dépassé les 14 GW le 8 décembre à 8h soit l'équivalent de 12 réacteurs nucléaires...

On peut voir qu'il y a des réacteurs avec des arrêts très longs, supérieurs à l'année.
En particulier celui de Civaux 1, le premier où l'on a découvert de la CSC, il est prévu être arrêté pendant 505 jours.
Bon courage et merci à toutes les équipes qui travaillent de manière soutenue et parfois en milieu dosant pour réaliser tous ces chantiers.

En février et juin 2020, les 2 réacteurs nucléaires de Fessenheim ont été définitivement arrêtés, soit env 2 GW de moins.

MARCHE ET PRIX DE L'ELECTRICITE EN FRANCE



La France est historiquement exportatrice d'électricité grâce à sa capacité de production excédentaire, mais depuis fin 2021 elle est devenue importatrice suite à la moindre disponibilité de son parc nucléaire.
En conséquence elle est maintenant très sensible au prix de l'électricité vendue sur le marché de gros Européen.

En effet, EDF vend l'électricité à ses clients à un tarif règlementé par décrêt soit 0.174 €/KWh (ou 174 €/MWh).
Les fournisseurs alternatifs eux sont à tarif libre.
Il s'approvisionnent pour une part chez EDF qui, de par la loi, doit leur fournir 100 TWh/an à 42 €/MWh
et pour le complément sur le marché de gros Européen qui lui 'est envolé en Août 2022 jusqu'à 1000 €/MWh.

Les Français qui se fournissent chez EDF voient des augmentations limitées car encadrées par décret,
Ceux qui sont chez des fournisseurs alternatifs voient des augmentations de modérées à très fortes suivant la part électricité négociée sur le Marché de gros Européen par leurs fournisseurs respectifs.


PRIX DE L'ELECTRICITE ET PRIX DU GAZ

Prix electricite et gaz pour la France


Les tensions d'approvisionnement ont commencé en 2021, avec des marchés mondiaux qui avaient du mal à soutenir la croissance économique post crise Covid-19.
Ceci a été amplifié par la crise énergétique générée par le conflit Russie-Ukraine
La production Russe de pétrole et de gaz est devenue un moyen de pression entre états, avec des baisses de volumes, et des ventes plutôt à des pays politiquement proches dits 'amis'.
Ceci fait s'envoler le prix du gaz en particulier, mais aussi du charbon, du pétrole, augmentant les coûts de production des centrales thermiques en France et en Europe.
Le coût de l'électricité thermique produite en France augmente donc, tout comme celle échangée sur le marché de gros.

Avant 2021, l'électricité se négociait à des prix autour des 50 €/MWh
Nous sommes actuellement à des cours de 350€/MWh, après avoir eu brièvement des pointes à 1000€/MWh en Août 2022.

Avec les tensions d'alimentation en électricité que nous allons avoir cet hiver en France, on peut s'attendre à ce que l'on bataille pour trouver de l'électricité sur le marché de gros Européen, et donc que les prix montent encore à des niveaux inconcevables avant les crises covid et guerre.

MARCHE DE GROS DE L'ELECTRICITE EN EUROPE



prix-electricite-plus-meritant
1) Régulation
C'est ce marché de gros qui est régi par la règle du "plus méritant" à savoir que pour satisfaire les besoins en électricité, on active d'abord les centrales électriques les moins coûteuses, pour finir par les centrales les plus onéreuses, soit les centrales thermiques (pétrole, gaz, charbon...) si le besoin n'est pas couvert

Et c'est le coût de la dernière centrale engagée qui va dicter le prix de toute l'électricité achetée sur ce marché.
On comprend donc qu'en période de forte demande, le coût de l'électricité sur le marché de gros augmente, car on active alors les centrales les plus onéreuses.

2) Types de contrats
Il y a deux types de marchés, celui des "contrats à terme" pour lesquels on achète des volumes dans une période à venir (année, trimestre, mois...).
Les contrats négociés avant les crises permettent de se protéger temporairement des hausses. Cela semble être le cas pour l'Allemagne, l'Espagne par exemple, qui achètent des volumes importants tout au long de l'année.
Mais ces contrats peuvent aussi emplifier les hausses par un effet d'anticipation de pénurie. Ainsi en Août 2022, les contrats Français se sont envolés à 1000 €/MWh.

Des volumes sont ensuite ajustés sur le marché "Spot" avec des enchères en temps réels, où les prix sont très volatils, variant d'une minute à l'autre.

MIX ENERGETIQUE 2019 EN FRANCE




L'année 2019 est représentative du mix énérgétique en France.

Le prix de production de l'électricité pour le pays est la moyenne pondérée des différents prix de production par filière, dont voici un ordre de grandeur (2016-ADEME).

Le Nucléaire Français traverse un sérieux trou d'air


Nucléaire Français en perte de puissance

Alors que la France est historiquement exportatrice d'électricité, elle est devenue importatrice.

La première alerte date mi-2020.
La puissance nucléaire est descendue pour une première fois à seulement 30 GW au lieu des 40 GW traditionnels.
En crise Covid, la comsommation d'électricité avait baissé pendant les confinements, mais ensuite le parc nucléaire remonte en charge trop tardivement, il faudra importer une première fois de l'électricité en Août 2020 pour alimenter le besoin de la France.

Décrochement depuis novembre 2021
A cette date, notre capacité en électricité d'origine nucléaire n'est pas remontée à son niveau habituel de fin d'année, soit environ 55 GW, nous obligeant à importer pour combler ce manque.
Mi-2022, la situation s'est aggravée, avec la moitié du parc nucléaire à l'arrêt pour maintenance planifiée d'une part, mais aussi suite à la découverte de fissurations inquiétantes sur les derniers générateurs.
La puissance disponible baisse à 25 GW seulement, à comparer aux 40 GW traditionnellement disponibles à mi-année.

Nous devons donc faire produire au maximum nos centrales thermiques en particulier, achetant du Gaz, du Gasoil et même du charbon au prix fort.
Et en plus importer de l'électricité, payée au prix du marché Européen qui s'est lui même envolé.
Le prix de l'électricité est entré dans une zone de turbulence avec de fortes hausses au final.
Nous risquons de plus de manquer d'électricité sur les mois d'hiver, comble pour un pays structurellement exportateur.

L'hiver 2022/2023 se retrouve à risque avec un parc nucléaire qui n'est pas remonté à 50 GW depuis 2020.



CAUSES DU DECROCHEMENT DE NOTRE PUISSANCE ELECTRO-NUCLEAIRE

Changement dans la conception des derniers réacteurs

En octobre 2021, lors de la 2ème visite décennale du réacteur de Civaux 1, EDF découvre des fissurations consécutives à de la corrosion sous contrainte sur des coudes de tuyauteries du circuit d'injection de sécurité.
Cette tuyauterie étant connectée au circuit primaire du réacteur, sans possibilité d'en être isolé, il y aurait un risque de rupture en cas d'un besoin de refroidissement d'urgence du coeur du réacteur.
Les expertises menées conduisent à identifier comme à risque des centrales de conception voisines, 12 des plus récentes et des plus puissantes de notre parc (1300 et 1450 MW).
EDF décide alors d'arrêter ces 12 installations et de les réparer à l'identique en remplaçant la partie du circuit en cause.
Pour 10 d'entre elles, ce devrait être terminé fin 2022, les restantes seront réparées et remises en fonction d'ici mi-2023.

La cause de ces corrosions sous contrainte ou CSC semble être une géométrie modifiée de ces tuyaux par rapport aux réacteurs de génération précédente.
Les 4 N4 de 1450 MW et le 12 P'4 de 1300 MW sont potentiellement concernées de part leur conception.
Les analyses vont continuer pour mieux comprendre le phénomène et en tirer toutes les conséquences.

Concomitance d'autres facteurs

Par le hasard des choses, plusieurs autres problématiques étaient déjà existantes avant cette découverte de CSC fin 2021:

-Opération Grand Carénage en cours : pour prolonger la durée de vie des réacteurs au-delà de 40 ans, 6 mois d'arrêt chacun.
-Maintenance reportée durant 2020 suite Covid: années 2022/2023 avec plus d'arrêts.
-Arrêt de 2 réacteurs de Fessenheim: fait en février et juin 2020, perte d'un potentiel de 1.8 GW à partir de cette date.


C'est l'ensemble de tous ces facteurs, se produisant en pleine période de crise sur l'approvisionnement énergétique mondiale, qui nous conduit à cette une période de forte tension sur l'alimentation en électricité de la France pour l'hiver 2022/2023,.
Il y avait 26 réacteurs à l'arrêt mi-2022, il faut en redémarrer plus d'une douzaine pour fin 2022.

* un cas différent de CSC avait été rencontré et traité en 1983 par EDF, mais la cause était différente.

Pour en savoir plus:

Une notre explicative du circuit concerné par la CSC

la vidéo de la séance publique du Sénat consacrée à cette question:






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